Catégorie : Architecture

Le Musée de la Boverie à Liège (2016)

Musée de la Boverie (Photo © Quanah Zimmerman 2016)

Le 5 mai 2016, Liège inaugure le nouveau Musée de la Boverie.

Musée de la Boverie (Photo © Quanah Zimmerman 2016)

Le bâtiment original, construit par Charles Étienne Soubre et Jean-Laurent Hasse pour l’Exposition universelle de 1905, s’ouvre aujourd’hui vers la Dérivation. Une nouvelle salle hypostyle, sur pilotis et entièrement vitrée, a été dessinée par l’architecte français Rudy Ricciotti (1952), architecte du Mucem de Marseille et lauréat du grand prix national de l’architecture en 2006.

La Boverie dispose à présent d’une surface totale de 4.000 m2 et abrite les collections du musée des Beaux-Arts de la Ville de Liège. Le nouvel espace pourra accueillir des expositions temporaires.

Le coût de cette rénovation s’élève à 26,6 millions d’euros, pris en charge par la Région wallonne, le Feder et la Ville[1.WYNANTS Jean-Marie, Un musée restauré et étendu, Le Soir,
5 mar. 2016, p.28].

Grâce à la passerelle La Belle Liégeois, le Musée n’est plus qu’à 700 mètre à pied de la gare des Guillemins.

www.laboverie.com

La Belle Liégeoise (2016)

Passerelle La Belle Liégeoise Liège Quanah Zimmerman

La nouvelle passerelle[1.La nouvelle passerelle, Wikipedia] qui relie les Guillemins au parc de la Boverie s’appellera donc « La Belle Liégeoise », en référence au surnom d’Anne-Josèphe Theroigne de Méricourt[2. Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt, Wikipedia], née en Principauté de Liège et devenue une figure emblématique de la révolution française. Au point, dit-on, d’inspirer Delacroix pour sa toile « La Liberté guidant le peuple ».

Héroïne déchue, ni ses moeurs « trop légères » ni ses internements successifs ne lui seront pardonnés. Pas même après plus de deux siècles. Du coup, on évite d’utiliser son nom pour la passerelle. L’hommage reste donc discret. Et vaguement pudibond, aussi.

Le conseil communal de Liège a approuvé, après de vives discussions[3.La nouvelle passerelle: appelez-la « La Belle Liégeoise », RTBF], cette proposition à l’issue d’un vote le 25 avril 2016. Comme le souligne le journaliste Michel Gretry (RTBF)[4. Idem.] : “Un choix par défaut, faute de mieux, qui, dans les couloirs de l’hôtel de ville n’a finalement semblé satisfaire personne.”

Réalisée par le Bureau Greisch et l’Atelier Corajoud, La Belle Liégeoise, sera inaugurée le 2 mai 2016[5.La nouvelle passerelle sur la Meuse à Liège a désormais un nom: le voici !, La Meuse] après deux ans de construction.

Le Pont Kennedy (1960)

Inauguré en 1960, ce pont en poutre-caisson d’une longueur de 120 mètres est l’oeuvre de l’architecte moderniste liégeois Georges Dedoyard.

Le projet d’un pont à cet emplacement remonte au début du dix-neuvième siècle. A cette époque, les biefs de la Meuse sont devenus de véritables égouts à ciel ouvert [1.WARZÉE Claude, La rue Pont d’Île, Histoires de Liège, consulté le 12 avril 2016] et finissent par être voûtés puis comblés. C’est notamment le cas pour le bief Saint-Jean qui devient la rue de l’Université.

1837. Un premier pont est construit afin de relier la rue de l’Université à la rive droite de la Meuse. Mais quelques mois à peine après son inauguration, une des arches du pont s’effondre. Un nouveau pont est reconstruit entre 1841 et 1843. Ce sera le Pont de la Boverie, également appelé Pont Neuf.[1.WARZÉE Claude, Le pont Kennedy et le quartier Chiroux-Croisiers, Histoires de Liège, consulté le 12 avril 2016]

1963, le Pont de la Boverie devient le Pont Kennedy

Le Pont de la Boverie est épargné par la première Guerre Mondiale mais est dynamité dès l’entame du second conflit mondial. Au sortir de la guerre, un pont métallique temporaire est installé et reste en place plus d’une décennie. Il n’est remplacé qu’en 1960 par le nouveau Pont de la Boverie dont les travaux débutent en 1958. Il est inauguré en 1960 et, dès 1963, rebaptisé Pont Kennedy.

A cette époque, Dedoyard vient de terminer le pont Albert 1er, inauguré en 1957. Elève de Joseph Moutschen, l’architecte liégeois est également le concepteur des Bains et Thermes de la Sauvenière, construits en 1942 et classés en 2004 [2.Bains et Thermes classés à la Sauvenière, La Libre Belgique, 2004, consulté le 12 avril 2016], ou encore du Pont des Arches en 1947. Dans les années soixante, il dessine les plans de la Tour des Finances, récemment détruite au profit de la Tour Paradis. Certains dénonceront d’ailleurs la démolition de cette tour qui « témoigne […] d’un intérêt patrimonial et architectural certain[3. Tour des finances : un mauvais signal, Urbagora, consulté le 12 avril 2016]. »

Sur la rive gauche, le complexe des Chiroux, avec la Résidence Kennedy (1970), oeuvre de Jean Poskin et Henri Bonhomme. Ce duo d’architectes belges, contemporains de Dedoyard, ont signé les plans des premiers gratte-ciel liégeois, dont la Tour Simenon (1963) et la Cité administrative (1967). La Résidence Kennedy est actuellement le troisième immeuble le plus haut de la ville.

Château de Jehay (1550)

Château de Jehay © Quanah Zimmerman 2016

Le corps principal du château a été reconstruit au milieu du seizième siècle dans un style gothico-Renaissance[1. Le Château de Jehay, Institut du Patrimoine wallon.]. C’est de cette époque que date sa façade caractéristique en damier, une alternance de pierre calcaire blanche et d’un petit appareillage de grès[2. Le Château de Jehay, www.chateaubelgique.com.]. De nouvelles transformations au dix-neuvième siècle donnent au château sa forme actuelle[3. Le Château de Jehay, Wikipedia.].

Récemment, une partie des fondations en bois, immergées depuis des siècles, se sont affaissées créant d’énormes fissures à l’intérieur du bâtiment. Pour entreprendre les travaux de solidification de ces pilotis, les douves ont du être asséchées pour la première fois depuis la construction du château. Le château est désormais incliné de sept centimètres[3. Le Château de Jehay penche de sept centimètres, RTBF (25 mars 2015).].

Djihé (Jehay en wallon) est également le village natal de Zénobe Gramme, inventeur de la dynamo, premier générateur électrique.

Vue intérieure du Château de Jehay.

Vue intérieure du Château de Jehay. Trouvée sur Twitter, via Frédérick Allaerts

Institut de Zoologie de l’Université de Liège (1888)

Institut de Zoologie de l’Université de Liège (1888) © Photo Quanah Zimmerman

Façade de l’Institut de Zoologie de l’Université de Liège (1888). Ce bâtiment de style néo-classique en grès et petit granit est un des huit instituts édifiés sous le rectorat de Louis Trasenster dans les années 1880.

Les plans sont signés par Lambert Noppius. Outre l’Institut de Zoologie, l’architecte liégeois réalise également l’Observatoire de Cointe, l’Institut d’Anatomie Auguste Swaen, l’Institut de Pharmacie au Jardin botanique et l’Institut de Physiologie.

L’Institut de Zoologie de l’Université de Liège est inauguré en 1888.

Les colonnes ioniques de l’entrée monumentale sont surmontées d’un fronton triangulaire où figure notamment un buste de Charles Darwin. C’est Léopold Noppius, sculpteur et frère de l’architecte, qui en assure la réalisation.

Au pied de l’entrée, deux statues plus récentes. A droite, celle du biologiste Édouard van Beneden est inaugurée en 1920. À gauche, celle de Theodor Schwann, physiologiste, installée en 1954.

Une vue à partir du deuxième étage vers l’aquarium, au sous-sol.

L’Institut de Zoologie est fortement endommagé pendant la seconde guerre mondiale. Dans les années cinquante, Marcel Dubuisson, Recteur de l’Université de Liège, lance d’importants travaux de modernisation. Le musée et l’aquarium sont inaugurés le 12 novembre 1962.

Titulaire de la chaire de Zoologie, le Professeur Dubuisson (1903-1974) est recteur de l’Université de Liège pendant dix-huit ans. Il est notamment à l’origine de l’initiative de transférer à la fin des années 1950, l’université du centre-ville au Sart-Tilman.

L’Aquarium-Muséum attire aujourd’hui plus de 80.000 visiteurs par an.

Portail en plein cintre de l’église Saint-Guibert de Gembloux (1779)

église Saint-Guibert de Gembloux (1779) © Photo Quanah Zimmerman

Le 6 août 1678, Gembloux est ravagée par un terrible incendie. Ni l’abbaye bénédictine, fondée au dixième siècle et déjà incendiée par les Hollandais en 1678, ni son église abbatiale ne sont épargnées.

L’incendie de 1678 survient alors que Gembloux est déjà exsangue suite aux guerres de religion du quinzième siècle suivies par celles menées par Louis XIV contre l’Espagne.

Il faudra attendre près d’un siècle pour que soit réédifiés le monastère et son église. Les plans sont signés par Laurent-Benoit Dewez, architecte néo-classique des des Pays-Bas autrichiens et spécialiste des constructions religieuses.

L’abbaye et l’église sont terminés en 1779, après plus de dix-sept ans de travaux. Pourtant, à peine dix-huit an plus tard, les ordres religieux sont supprimés dans la foulée de la révolution française et l’abbaye est mise en vente en 1797. L’église abbatiale devient alors paroissiale en 1812.

Vue de la façade et son portail en plein cintre, issu de la construction primitive, marqué d’une clé feuillagée et surmonté d’un fronton triangulaire.

Le clocher à bulbe de l’église Saint-Martin (XVIIIe) à Virelles

clocher à bulbe de l’église Saint-Martin (XVIIIe) à Virelles © Photo Quanah Zimmerman

En Wallon, c’est l’èglîje Sint-Maurtin. L’église Saint-Martin à Virelles, petit bourg de la Botte du Hainaut, aujourd’hui une section de la ville belge de Chimay. Et son clocher à bulbe.

Cette église rurale a été construite au dix-huitième siècle sur les berges de la rive gauche de l’Eau Blanche. Cet affluent du Viroin, aux eaux chargées en boues crayeuses et blanchâtres de la Calestienne, alimentait notamment la forge Monseu, une des deux forges virelloises actives jusqu’à la première moitié du dix-neuvième siècle.

Retour à Saint-Martin. A l’intérieur de cette église rurale à nef unique, trois autels en Rouge belge – du marbre de Rance, célèbre pour avoir été utilisé au dix-septième siècle lors de la décoration du Chateau de Versailles. Pour les colonnes de la façade, les pilastres de la galerie des glaces mais aussi pour les nombreux manteaux de cheminées. Tellement de marbre qu’au final, il sera nécessaire de tracer, à travers les champs et forêts, une route entre Renlies et Cousolre afin d’acheminer les pierres.

Le clocher à bulbe, artifice baroque.

A la fin du dix-neuvième siècle, le clocher de l’église Saint-Martin est détruit par un incendie et reconstruit en forme de bulbe.

Le bulbe, un élément architectural qui se retrouve également sur la tour Saint-Jacques à Namur (1388), beffroi de la ville depuis 1746. Une tourelle octogonale – un lanterneau (1) – surmonté d’un bulbe est ajoutée au dix-septième siècle. 

Le Beffroi de Gembloux ou encore celui de Mons sont également coiffés de bulbes.

À Dinant, le clocher à bulbe de la Collégiale est plus ancien encore.

Le clocher de l’église de Dinant est un immense pot à l’eau. Cependant, la façade de l’église a un grand caractère, et toute la ville se compose à merveille. – Victor Hugo, 1838.

Hugo n’est pas le seul à remettre en question l’esthétique de ce clocher bulbeux, ajouté en 1566. Après la Première Guerre mondiale, lors de la reconstruction de la Collégiale, certains s’opposent à la réédification du clocher baroque, lui préférant un style antérieur au XVI siècle. Après des débats houleux, c’est pourtant le clocher à bulbe qui s’imposera.

Drôle. Je n’avais jamais fait le lien avec les clochers à bulbes qui émergent avec l’architecture baroque et qui caractérisent principalement les clochers des églises orthodoxes russes ou encore des églises catholiques bavaroises.

Ces Zwiebelturms – ou Купал-цыбуліна – sont pourtant remis au goût du jour au dix-neuvième siècle par des architectes néo-baroques, et fleurissent en Alsace, en Lorraine, en Deutschschweiz (Suisse allemande) ainsi que dans le Hainaut franco-belge. Outre l’église de Virelles, la ville de Chimay compte deux autres clochers bulbeux : les clochers de la Collégiale et du château des Princes.

Churchill : cinéma Art Déco à Liège (1922)

Cinéma Art Déco (1922) © Photo Quanah Zimmerman

Sous la salle de spectacle le Forum à Liège, le cinéma Churchill.

Ce bâtiment Art Déco (1922), oeuvre de l’architecte verviétois Jean Lejaer, figure sur la liste du Patrimoine exceptionnel de Wallonie.

Le vitrail et les néons sont réalisés en 1993 par le plasticien liégeois Fernand Flausch, dont les oeuvres sont souvent intégrées à l’architecture, comme le plafond de la galerie Opéra à Liège (1982) ou encore la station Métro bruxelloise Ribaucourt (1988). Fernand Flausch est également l’auteur de la sculpture “La mort de l’automobile” (1980) au Sart-Tilman.